LES LAPIDAIRES

Le Dernier Cri & Nunu éditions - mai 2011


Kyste du dos
«Chéri, arrête! Si il tombe, il va se déclencher cash!»
...........................................................................................

C’est dans ces termes que Féronique s’est adressée à Léo notre fils qui d’une pincée de golden de chococarré menaçait mon verre de jus d’orange...
Féronique c’est ma femme, elle est belle, intelligente et socialiste. Ah! Oui, c’est certain, il y a de la soupe dans cette gourde. Je l’ai rencontrée lors de ma première participation au Marathon de New York. Quelle histoire! J’en ai encore des frissons...
C’était un jour clair, tiède et profond. Malgré l’annonce d’un taux de participation faible, il me semblait que tous les hommes de la terre avaient embarqué. Au bain, dans un peloton empêché par de solennelles barrières galvanisées en jupes New Balance, escorté de gros et de petits gros oiseaux, le corps ému et indépendant de ma direction j’étais bien, j’étais à New York. Nous étions beaux, pomadés puis ruisselants, nous étions beaux et cohérents comme les rouages d’une société étrusque.
Dans le milieu de la course à pieds, si les gens ne sont pas magiques, ils ont au moins le coeur sur la main... Isorstar, Gaetorasd, balistonitto gratuits, applaused et approvaled by the poor. Nous longions l’Hudson, quand à développer sa ligne comme lance-marteau, un pêcheur manhattannais accrocha l’oreille d’une rondouillarde qui foulait à quelques corps devant moi. La ronde, aujourd’hui de gauche, svelte et intelligente, c’était Féronique. En parfaite panique, elle avait prit sa tête à deux mains, hurlant de surprise à qui de Dieu ou d’un diable avait bien pu lui piquer la feuille. Arrêtée là, comme une porte de slalom kayak, grumeleuse et figée dans un décor tourmenté, en particule pragmatique d’exception dans une nuée fantasque, cliché absolu d’une solitude enracinée dans le creuset occidental, elle couinait... Les hommes passaient, aucun n’eut un mot, un geste pas même à l’endroit de la jeune fille qui portait haut la ligne (comme le nomade les pliouses de tissus lorsque qu’il invite un petit homme à entrer dans sa tente), pour ne pas que l’oreille fut emportée par la foule en fête dans le mime du ponpon, cette boule laineuse que le forain du tourniquet chantant est capable de faire moucher habilement. Le défilé comme un tout, comme une énorme bête pourvue du concept de dispensabilité arpentait de ses bonhommes le chemin du serpent bleu... Poussé par un coeur pourtant dédié ce jour à l’opération sportive, en compétiteur de niveau relatif, je m’autorisai à perdre quelques centaines de places pour lui venir en aide. A l’approche de la lourde devenue gracieuse, je commençai à cisailler d’incisives le fil de nylon au-dessous de vivifiantes billes de plomb dont l’agression du haut de mon front ridé fit détonner l’empoté souvenir du bois des faisans où je glanais, enfant, les capsules de chevrotines dont je vénérais les perles curieuses... Panoff! Entrechoquement dental! Le fil était rompu, sauveur immense et délicieux, je l’avait libérée. L’hameçon sur l’hélix de la collerette à sons, le fil même, dans le vent parfum bouillon de porc de la masse de sportifs en expression, étaient à son avantage.
- "Bonjour, je suis un chirurgien français."
Féro, dont je ne savais encore rien, prit ma main et d’yeux mouillés me regarda en rougissiant. Je comme l’aimais déjà... Essayant de recouvrer le souffle initial dans un toussotement aigu filant un liseré de sucre baveux plus blanc que plafond agrippé auquel, un chipsou de barre de céréale s’était octroyé un congé, elle eut ces mots : "By panik, I made poop"...



¬

Pierre-Guilhem - 2011

















Le demi-dur de Normandie

.
En homme vivant au gré des saisons, n’ayant pas su s’inscrire dans l’histoire, il avoue se perdre avec beaucoup de plaisir dans le corps des femmes ainsi que dans les supermarchés. Pressé par les médias, la crotte au cul et le mot de Pierre Cambronne de sa bouche, le vilain balaye d’un bras tatoué l’ossuaire romantique.
O âme d’humain alentour. A la station électrique, le vilain recharge ses puissances. Il se dit que les «o» majuscules pourraient bien être des zéros. La fringale substituant à une excessive consommation de Marijuana, il écrit sans relâche depuis 12 OOO OOO kilomètres. Sur l’aire de repos de Vergèze, à l’aube il s’est réveillé en respectant le monde.
L’homme dit respecter le monde au sens d’un respect social et approuver le fait de bricoler une existence en son sein...

«Un monde à la fois super et inquiétant»

A sa tête de parcmètre espagnol, on comprend immédiatement qu’il a été dressé militairement.

« Au départ, j’en ai bavé! Faut dire que j’étais vraiment très vilain. C’est simple, mes petits camarades d’école m’appelaient l’expérience, les baudroies me lançaient des pommes de terre molles sur le visage et le chanteur brésilien Brageto Bolino avait même écrit une chanson dans laquelle il incitait mes parents à me laver avec du grésil. Les filles j’en parle pas! 
Elles mettaient des masques de paille d’acier pour me saluer, même de loin. »

Aujourd’hui capable de défoncer 50 siècles de cosmogonie en souriant bêtement, ce philosophe tranquille vit reclus dans le faste monégasque à l’abris des lois et des indiscrétions prolétaires. Plongeant ses mains dans la poitrine de l’oeuvre, le vilain ne parvient toujours pas à grandir le culte auquel sa mère le conduisait avec espoir quand il était plus petit qu’un sac de charbon.
Il est 15h bien frappé sur la colonne d’effets qui borde ma guirlande de prépuce...
«Ne jouant plus les discutants potentiels, je m’en remet à la critique infondée! L’amour, c’est mon casse-tête, je n’ai qu’un casse-tête et je promet sans jurer devant Dieu qu’à l’instant où mon aimée fera la promotion du livre traitant de la rencontre fortuite d’une petite odeur d’hépatite qui parcoure les assemblées de bons hommes en uniformes de bagarreur et d’un nuage d’haleine échappé des conférences «Découverte du monde» consacrées au Pertus, je lui apprendrai que l’argale qui demeurait dans le déni du juif, suça le garde barrière de toute sa puberté à l’en faire éjaculer plus haut et fort qu’un feu d’artifice pour obtenir un siège à la tribune des Jacobins. J’entend dire que pour les besoin d’un film, Un Tel s’est fait pousser les joues, qu’il a lu un livre, qu’un autre a appris à tenir un pistolet et apprécié la simplicité du réalisateur copain, c’est super! Les français crèvent la dalle, demain les prolos seront tous si pauvres qu’il leur faudra s’habiller en baguette de pain.
On sait tout de Garou mais que nous a-t-on appris de la bataille d’Alger, de Port Royal? Que sait- on des indiens, de leur mystérieuse extinction, du chamanisme, de la coca ou de Giordano Bruno? Mon regard sur les cultures lointaines change et je commence à penser que Ricki Martin, chansonnier amérindien au petit cul bien musclé capable de déchainer son corps faux-gras sur des scènes aux allures d’anniversaire du diable en pronnant l’attouchement, la pénétration anale et le troc, détient peut-être la vérité... Nous évoluons dans un monde en foire. Le culte évangéliste pentcôtiste aussi raisonnable soit-il, ne correspond pas à mon train de vie bourgeois, je pense être naturellement catholique. Je me suis trop souvent réveillé au milieu de la ligne courant vers l’aube, chaud et perlant comme les trompes d’Eustache du père Drucker en craignant tout! Oui, je doute! Imaginez-vous qu’à l’age de 16 ans, Jeanne Calment était plus proche d’avoir connu Napoléon que de rencontrer mon père, alors le singe dailymotion qui sent son culest encore très loin d’ébranler ma conception du grandiose. Oui, je doute, et qui n’a de doute n’est! Sait-on ce que nos épouses font de leur quartier libre? Sait-on si nos épouses biologiques ne mythonnent pas sur nous comme si on jouait encore en moins de 17. Puisque elles finiront par obtenir l’absolue garde des marmots, ayons chacun sous le coude l’enregistrement de Madame usant de sa petite voix de bébé pour réclamer l’enculette! Il n’y a pas de grande guerre, gagnons l’immunité diplomatique et tronçonnons-leur le hublot! Nos existences sont truquées comme les pousses-pièces du 84, on ne nous laisse pas le choix...Au buffet de la gare et dans le troquet de mon villages, on t’offre une binouse si tu dis un petit slam de merde, tu vas pas me dire! Même le plus con de mes gamins a trouvé mieux, une grande bourgeoise pleine de très longues jambes, l’opération est simple: une poésie et hop une éjac-face! On a mit le monde à l’envers! Que crois-tu qu’un afghan pense de ta condition? Terrible serait de constater que le pauvre homme, en voyant le film Ghost, prenne pitié et essaie de se mettre à ta place. À trouver le socialisme émouvant, le parolier français, ce moderne au coeur de droite, a fini par pleurer son sperme sur les cahiers de poésie et son bureau d’étude a maintenant des relents de criée sétoise. Riches, malades et maladroits nous sommes les héritiers du viable. Je plante un arbre, j’écris un livre et je fais un enfant.»
Pour parler du souffle et dire le coeur, jadis, le vilain pointait les dimanche enserrés par les affres du questionnement amoureux, la sensation douloureuse mais nécessaire au bien être, aubergines braisées, le chocolat paprika, voix de femme basses fréquences, les soies, le coin de peau en fleur d’oranger pour la niflette, principe d’émotion à chaud de bois et le fruit, la mandarine traumatique dans le fond de la gorge. Celui qui nous régalait en rotant de petites toiles d’araignée de vin sèché et de pittoresques napperons de Lisbonne fuchsias semblables à des kippas qu’on aurait trempées dans l’eau très sucrée ou du Porto, s’est endurci, le ton a changé. Celui qui chantait les doigts noueux qu’un paternel olfactif lui collait quotidiennement au milieu de la gueule semble s’être délesté de toutes les particularités enchanteresses qui l’avaient propulsé au milieu des années 90.
D’un ébavurage appliqué (1967, éd. La flûte du berger), L’antenne de crevette et la dissidente promue à l’ouvrage (1994, éd. La flûte du berger), Cousido (1994, éd. Palombiou), La ballonnade et le satyre (1997, éd. La flûte du berger), Les grâces (2002, éd. La flûte du berger)...

Que retenir de cette oeuvre fournie, une trahison en sept chapitres?


www.lederniercri.org